E. Vandercammen - Etre

Publié le par Jonathan

Ser, nada más (Jorge Guillén)

I

Déjà mes doigts n'éprouvent plus

Les formes tendres du présent,

Ce qui m'échappe, ô ma saison,

C'est la limite musicale

Entre mon corps et la substance

Où tu protèges tes racines.

Si ton argile a ses blessures

Comme une écorce condamnée,

Que ma chaleur calme ces plaies

En épousant leur profondeur.

II

Etre et rien de plus que le sang

Qui vient nourrir avec l'aurore

L'espoir et sa maturité;

Etre et prolonger l'habitude

Au-delà des jaunes automnes

Abandonnés sur les collines

Vais-je toucher longtemps l'aubier

Trop pâle où vient pleurer le vent?

J'y vois fleurir le marbre blanc

Taillé dans un morceau de nuit,

Mais je résiste au poids glacé

De cette chair contre ma chair :

L'attente est ma seule aventure.

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