Une vague de tendresse (Traduction)
Il se sourit. Tout s’était bien passé finalement. Jamais il ne s’était senti mieux qu’en ce moment, ce moment de pure liberté.
Il regardait au loin un petit voilier qui fendait les vagues et qui disparut dans l’éclat éblouissant du soleil qui se levait, puis réapparut comme purifié par son passage dans cette zone située à mi-chemin entre la terre et le ciel, partagée entre les hommes et les dieux.
Plus proche de lui, là où il avait fait ricocher une pierre sur le lac, quelques bulles remontaient à la surface, repoussant les premières feuilles que l’automne avait décrochées et qui s’étaient allongées sur l’eau, lieu de leur ultime repos.
Il s’était avancé dans la direction d’un arbre centenaire qui avait poussé au milieu du lac, il le fixait du regard. Cette vision lui faisait à chaque fois le même effet, il était pris dans un tourbillon d’émotions ; il avançait à petits pas et s’arrêta lorsqu’il eut de l’eau jusqu’au chevilles.
Il allait et venait du bord jusque dans l’eau, de l’eau au bord du lac ; il se souvenait, il avait mal mais il était heureux à la fois. Il avait mal qu’elle soit partie, il était heureux qu’elle soit si près de lui.
Ce soir-là, ils étaient sortis elle et lui faire une petite promenade tranquille le long du lac. Elle portait un petit chemisier vert mousse et une jupe brun clair. C’était l’été, la canicule, il était vingt-deux heures trente environs.
Ils s’étaient arrêtés ici même, entre le bois et le lac, avec pour seule vue l’horizon coupé en deux par la présence de ce vieil arbre qui trônait sur le lac comme unique témoin du passage des hommes dans ce coin retiré du bruit qui régnait dans la ville, de l’autre côté du bois.
Pris par une incoercible envie, il lui proposa de nager jusqu’à l’arbre et, sachant bien qu’elle ne savait pas nager, la pria d’accepter qu’il lui conduise. Son entrain et sa persuasion ne lui permettant pas de refuser, elle s’agrippa à lui et se laissa emporter à travers l’eau tiédie par le vent du soir.
Il s’arrêta à quelques mètres de l’arbre, la regarda et admira la beauté de son visage que ses cheveux mouillés et plaqués en arrière laissaient voir dans son intégralité. C’est alors qu’il osa lui poser la question : “M’aimes-tu ?” Elle avait hésité une fraction de seconde pour lui répondre : “J’aimerais sincèrement, mais…” Il avait compris tout de suite, son visage changea d’expression, il devint marmoréen, son sourire avait disparu.
Il la regarda fixement pendant un long moment puis détourna le regard. Il était peiné…, il plongea. Elle le regarda d’un air interrogateur, toujours accrochée à lui, et attendait qu’il se décide à regagner la surface pour mettre fin à cette blague idiote. Mais il ne bougea pas. Manquant d’air, elle le lâcha pour tenter d’attraper une branche de l’arbre. Il la retint par la cheville ; il remonta à la surface et la tint sous l’eau par les épaules.
Oui, tout s’était finalement bien passé. Elle était désormais à lui, elle était sa plus grande fierté. Il la retrouvait tous les jours et personne d’autre ne pouvait la côtoyer. Il était heureux, seul mais si près d’elle ; les pieds dans les vagues.